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2015, le grand bond en avant pour le traitement des tumeurs neuro-endocrines


2015, le grand bond en avant pour le traitement des tumeurs neuro-endocrines

« Les tumeurs neuro-endocrines (TNE), si vous ne les soupçonnez pas, vous ne les détectez pas » dit depuis 2012 l'APTED (Association des patients porteurs de tumeurs endocrines diverses). Le 13 novembre, date de la journée mondiale contre les tumeurs neuro-endocrines, l'association a fait le point sur les événements marquants de l'année. 


Pour les malades, 2015 fut une petite révolution : en effet, 10 ans après de nombreux pays européens, la France dispose, enfin, du traitement Lutathéra. Un médicament qui réduit le risque de progression ou de décès de 79,1% pour certaines formes de ces cancers, selon les résultats 2015 d'une grande étude*.

« Doter la France du Lutathéra, c'est un progrès très significatif ! C'est chose faite depuis mai 2015, se réjouit le Pr Frédéric Courbon, responsable du département d'imagerie à l'Institut universitaire du cancer de Toulouse Oncopole (IUCT O). Ce ne fut pas simple. Avec la Société française de médecine nucléaire, les médecins ont en mis place un protocole thérapeutique avec le Lutathéra en collaboration étroite avec l'Autorité de sûreté nucléaire. Il permet de garantir la radioprotection des personnels et des patients lors de la réalisation de ce traitement ».  

Les effets de l'arrivée de ce médicament ont été immédiats : le service de médecine nucléaire thérapeutique reçoit de plus en plus de patients pour ces traitements complexes. Le service dispose de 13 lits et d'un personnel dédié.

L'histoire de l'association APTED a débuté à Toulouse. Aujourd'hui, elle est présente partout en France avec des relais en Europe. « C'est une maladie rare mais en augmentation qui dispose de peu d'options thérapeutiques » explique le Dr Lawrence Dierickx. En trente ans, leur incidence a été multipliée par 5 : le nombre de cas est aujourd'hui de 5,25 pour 100 000 personnes.

Les tumeurs neuro-endocrines (TNE), longtemps silencieuses, constituent un groupe de tumeurs susceptibles de naître en tout point de l'organisme. Il existe une très grande variété de TNE qui peuvent être classées selon leur siège : les plus fréquents sont le poumon, l'intestin grêle, l'appendice, l'estomac, le rectum, le pancréas. Mais on peut en trouver dans tous les organes. Une grande partie de ces maladies produisent des sécrétions hormonales. Ces tumeurs disposent comme les cellules normales de récepteurs à la somatostatine. C'est une substance fabriquée normalement par notre corps qui joue un rôle important car elle régule les sécrétions hormonales dans l'organisme. Le médicament Lutathéra porte de la somatostatine. En l'injectant (radiothérapie métabolique)**, il se pose sur les récepteurs de la tumeur et est capable de bloquer ou de limiter ses secrétions excessives d'hormones.

 

* Etude Netter-1. Les résultats positifs (Lutathéra) d'une étude sur les tumeurs neuro-endocrines de l'intestin moyen ont été présentés au congrès européen ECCO, en septembre dernier. L'évaluation de ce traitement pour d'autres TNE se développe actuellement dans le cadre de plusieurs essais cliniques.

** La radiothérapie métabolique (RTM) ou "radiothérapie interne vectorisée" (RIV). On utilise une molécule vectrice, dirigée spécifiquement contre une cible cellulaire, qui transporte un isotope radioactif dont les radiations vont détruire la tumeur. Le principe s'apparente donc à celui de la radiothérapie mais l'irradiation est spécifique aux cellules cancéreuses même lorsqu'elles sont disséminées dans divers endroits de l'organisme. Ce traitement est efficace pour les TNE dont les cellules expriment à leur surface des récepteurs à la somatostatine. On fixe un atome radioactif (opération de radio-marquage) sur un analogue de la somatostatine (la molécule vectrice qui cible les récepteur). Le médicament est ainsi fabriqué (on parle de médicament radio-pharmaceutique) et une fois injecté va conduire le produit radioactif dans la tumeur et l'irradier.