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Phytothérapie et médicaments : quelles interactions


Phytothérapie et médicaments : quelles interactions ?

Rencontre avec le Dr Véronique Pélagatti.


Y a-t-il un risque d’associer phytothérapie et médicaments anticancéreux ?

Dr Véronique Pélagatti : Il peut y avoir un risque surtout lors de la prise de médicaments par voie orale. Des interactions se produisent au niveau du foie. Certaines plantes pourraient bloquer des enzymes qui dégradent les médicaments au niveau du foie et provoquer une augmentation des quantités de médicaments dans le sang. Conséquences : l’apparition ou l’aggravation d’effets secondaires. D’autres plantes pourraient au contraire stimuler ces enzymes au niveau du foie et entraîner une diminution des quantités de médicaments dans le sang, donc une baisse de l’efficacité.

 

Quelles sont les plantes que vous déconseillez ?

Dr Véronique Pélagatti : Il existe encore peu d’études scientifiques dans ce domaine, il s’agit de conclusions basées sur des données théoriques. Donc, le principe de précaution nous conduit à déconseiller de façon générale l’utilisation de la phytothérapie lors de traitements oraux en cancérologie. Le millepertuis, par exemple, est contre-indiqué car il peut diviser par deux les effets des médicaments. Des plantes comme l’aubépine, la menthe fraîche, la sauge pourraient avoir ce même effet sans que l’on puisse connaître l’impact sur les concentrations des médicaments associés. D’autres plantes comme le chardon Marie, l’Aloé Vera, le fenouil, le gingembre, la passiflore ou la prêle augmenteraient plutôt les concentrations médicamenteuses donc les effets indésirables. Pour le desmodium très utilisé comme protecteur hépatique, une note datant de 2008 de l’agence française de sécurité sanitaire déconseille l’utilisation de compléments alimentaires contenant du desmodium en raison d’effets insuffisamment connus tant bénéfiques que délétères.

 

En parler à son médecin est-il important ?

Dr Véronique Pélagatti : Oui, car dans le cas d’association phytothérapie et médicaments et si le patient souhaite continuer à utiliser des plantes, le médecin pourra être plus vigilant et réaliser de façon plus rapprochée certains contrôles comme les bilans hépatiques.