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Quand la radiothérapie se met au service de la cardiologie


Une première à Toulouse : quand la radiothérapie se met au service de la cardiologie

Une intervention originale vient d’être réalisée à l’IUCT-Oncopole pour traiter un patient souffrant d’un trouble du rythme cardiaque.


Pour la première fois à l’IUCT-Oncopole, un patient souffrant d’un trouble du rythme cardiaque récurrent, une tachycardie ventriculaire réfractaire aux thérapeutiques usuelles, a été traité par radiothérapie. Habituellement utilisée en cancérologie, la radiothérapie stéréotaxique, a permis de détruire une zone cardiaque à l’origine du foyer de tachycardie. Une intervention qui a pu voir le jour grâce à une étroite collaboration entre les équipes de radiothérapie du Pr Elizabeth Moyal, de l’IUCT-Oncopole et les équipes de rythmologie du Pr Philippe Maury et du Dr Anne Gardères-Rollin, du CHU de Toulouse- Hôpital Rangueil.

 

Une collaboration inter-équipes

La radiothérapie stéréotaxique est une technique d’irradiation de haute précision permettant de délivrer une dose de radiation élevée en peu de séances sur une cible tout en préservant les tissus sains à proximité, grâce notamment à une forte décroissance de la dose en dehors de la cible. Cette technique a l’avantage d’être non invasive et ne nécessite pas d’hospitalisation pour le patient. Elle est en général utilisée pour la prise en charge de tumeurs cancéreuses de taille limitée.

Avec la collaboration des équipes de cardiologie du CHU de Toulouse, l’équipe de radiothérapie du Pr Elizabeth Moyal a pu traiter un premier patient souffrant d’une tachycardie ventriculaire réfractaire. Les traitements initiaux (médicament anti-arythmique et ablation par technique invasive intra-cardiaque) ne s’étant pas montrés efficaces, les équipes ont décidé de recourir à cette technique utilisant la radiothérapie.  En pratique, une très forte dose (25 Gy) a été délivrée en une seule séance sur la zone du cœur malade, sans besoin d’anesthésie préalable. Le patient est resté en observation pendant 24 heures de façon préventive, mais pour les futures interventions, les patients pourront repartir chez eux le jour même. La diminution des épisodes de tachycardie ventriculaire au décours de la séance d’irradiation devrait être progressive.

Cette première intervention est le résultat d’un travail coordonné depuis un an par le Dr Jonathan Khalifa et Thomas Brun (respectivement oncologue-radiothérapeute et physicien médical à l’IUCT-Oncopole) avec le Liryc* – l’Institut de rythmologie et modélisation cardiaque de Bordeaux, et l’équipe de cardiologie du Pr Maury, CHU de Toulouse, pour mettre en place la technique, la procédure de traitement ainsi que répondre aux défis techniques soulevés. Cette technique nécessitait notamment de modéliser la cible à traiter en 3D grâce à une exploration endo-cavitaire initiale et de l’intégrer dans le logiciel de radiothérapie afin de définir précisément la cible sur le scanner de préparation à l’irradiation, tout en préservant au maximum les zones « saines » du cœur. L’autre défi majeur a consisté en la gestion du mouvement cardiaque et respiratoire durant la délivrance de la dose d’irradiation.

Une dizaine de patients au total ont pu en bénéficier à ce jour en France, à Paris, Lille et Bordeaux. Deux autres patients seront prochainement traités à l’IUCT-Oncopole grâce à cette nouvelle technique. Un registre national va être lancé pour suivre ces patients sur le long terme. Le premier patient traité à l’IUCT-Oncopole sera inclus dans ce suivi.

 

* L'Institut de RYthmologie et Modélisation Cardiaque (Liryc), est un des six instituts hospitalo-universitaires (IHU) créés sur le territoire national en 2011 dans le cadre du programme des investissements d'avenir avec l'objectif de dynamiser la recherche médicale et l'innovation. Dans le cadre de cette intervention, l’imagerie rythmologique de haute qualité a été obtenue et intégrée aux systèmes de radiothérapie grâce aux efforts conjoints des physiciens du Liryc et de l’IUCT-Oncopole.
https://www.ihu-liryc.fr/