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Après 70 ans, les patients sont-ils  traités comme les autres ?


Après 70 ans, les patients sont-ils traités comme les autres ?

Jusqu'à quel âge peut-on être soigné pour un cancer ? La prise en charge des patients âgés est-elle différente ? Quand faut-il arrêter les traitements.
Ces questions seront au centre des débats des trois journées organisées par la société francophone d'oncogériatrie (SoFOG)  qui vont se tenir à Toulouse les 7, 8 et 9 octobre. Une place toute particulière sera réservée au cancer du sein de la femme âgée.

La fréquence des cancers augmente avec l'âge. Or en 2025, près de 11 % de la population aura plus de 75 ans. La prise en charge de ces personnes n'avait guère évolué jusqu'en 2006 : peu de référentiels, rares inclusions dans les essais cliniques, traitement partiel par crainte de potentielles fragilités… Les traitements que les médecins savaient curatifs à un âge jeune étaient difficilement proposés dans leur totalité à partir de 70 ans. Ce qui pouvait se solder par un sous-dosage médicamenteux pour certains ou un surdosage pour d'autres.

Aujourd'hui,  une nouvelle approche, l'oncogériatrie qui associe les oncologues et les gériatres,  se développe en France. La dynamique de recherche dans ce domaine est essentiellement portée par la France qui a su révolutionner l'approche médicale de  cette prise en charge. Les deux disciplines travaillent de concert depuis environ 10 ans pour promouvoir de nouveaux concepts de prise en charge de la personne âgée. Les résultats de leur recherche permettent de démontrer qu'à partir de 70 ans, l'âge ne peut être considéré comme le seul facteur de décisions thérapeutiques. « C'est l'état de santé de la personne dans sa globalité physique, psychologique et sociale qui prime » ajoute le docteur Loïc Mourey, oncologue à l'Institut universitaire du cancer de Toulouse Oncopole. Leurs essais cliniques ont mis en évidence que certains malades pouvaient suivre les protocoles standards avec la même efficacité que celle obtenue chez les plus jeunes. Pour déceler les fragilités susceptibles d'être aggravées par un des traitements, ils ont créé un test le G8*, reconnu internationalement. Les risques à prendre en compte pour les personnes plus fragiles sont : la perte d'autonomie, la non observance thérapeutique, la dénutrition, l'association avec d'autres pathologies. Ces risques sont majorés avec l'âge.

Lors des journées nationales à Toulouse, les chercheurs et médecins présenteront leurs dernières études et  recommandations. Quelques uns des thèmes abordés :

  • Comment prévenir la dépendance ?
  • Y a-t-il des marqueurs biologiques de la fragilité  ?
  • Où en est-on en matière d'essais cliniques pour les personnes âgées ?
  • Comment soigner le cancer du sein de la femme âgée avec les thérapeutiques ciblées ?



* G8 : un outil d'évaluation de l'état général et de dépistage de la fragilité pour les patients âgés ayant un cancer. Il permet  de détecter de manière rapide et sûre lors d'une consultation si une évaluation gériatrique plus approfondie du patient est nécessaire avant la mise en place d'un traitement. 


Incidence
L'incidence du cancer augmente régulièrement au cours de la vie. Un tiers des pathologies cancereuses sont diagnostiquées chez les personnes âgées. En 2012, 115 310 nouveaux cas de cancer (dont 53,7 % survenant chez l'homme) sont estimés chez les personnes âgées de 75 ans et plus en France métropolitaine.

Pour les personnes plus âgées (85 ans et plus), 35 928 (dont 15 724 chez l'homme) nouveaux cas sont estimés, soit près de 10 % de l'ensemble des cas des cancers diagnostiqués.

On retrouve, en matière d'incidence, la même répartition des types de cancers que dans la population tous âges confondus. Les cancers les plus fréquents sont, chez les hommes de 75 ans et ans, le cancer de la prostate (15 359), le cancer colorectal (9 298) et le cancer du poumon (7 230) et, chez les femmes, le cancer du sein (11 619), le cancer colorectal (9 741) et le cancer du poumon (3 093).
Source INCa.


Organisation de l'oncogériatrie en France
Soutenu par l'INCa et UNICANCER, il existe aujourd'hui 24 unités de coordination en oncogériatrie déployées sur le territoire français. Quinze unités pilotes de coordination en oncogériatrie (UPCOG) dont celle de Midi-Pyrénées ont été mises en place dès 2006 pour développer des prises en charge adaptées aux personnes âgées atteintes de cancer, et optimiser les compétences des deux spécialités médicales concernées, celle de cancérologie et celle de gériatrie et ce dans chaque territoire. 


Le comité de coordination des journées SoFOG
Laurent Balardy, gériatre (CHU Toulouse)
Elisabeth Carola, oncologue (Senlis)
Hervé Curé, oncologue (Grenoble)
Laure de Decker, gériatre (Nantes)
Loïc Mourey, oncologue (IUCT Oncopole)
Elena Paillaud, gériatre (Paris)
Henri Roché, oncologue (IUCT Oncopole)
Marie-Ève Rougé-Bugat, généraliste (Toulouse)
Bruno Vellas, gériatre (CHU Toulouse)