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ASH 2025


Cancers du sang : des avancées majeures présentées lors du Congrès ASH 2025

Cette année encore, les équipes d’hématologie et de médecine interne sont fortement mobilisées au 67ème Congrès de l’American Society of Hematology (ASH) à San Diego avec plusieurs communications orales, témoignant d’une dynamique scientifique exceptionnelle et d’un engagement constant pour faire avancer la prise en charge des cancers du sang.


Zoom sur les travaux marquants présentés en communication orale : 

 

Dr Anaïs Schavgoulidze, biologiste en hématologie au CHU de Toulouse – IUCT-Oncopole

Les travaux présentés par la Dr Anaïs Schavgoulidze, biologiste en hématologie au CHU de Toulouse – IUCT-Oncopole, au Congrès Annuel de l’American Society of Hematology, sont consacrés à l’analyse approfondie de la maladie résiduelle minimale (MRD) à partir de l’étude internationale BENEFIT dans le sous-groupe des patients de haut risque. Cette étude compare les schémas Isa-VRd et Isa-Rd chez des patients atteints de myélome multiple nouvellement diagnostiqué et non éligibles à la greffe, classés haut risque selon la nouvelle définition génomique du haut risque de l’IMS/IMWG*. Ces nouveaux travaux évaluent la capacité des traitements à obtenir une MRD négative durable, c’est-à-dire l’absence de cellules cancéreuses détectables pendant au moins un an. Les résultats montrent que le schéma Isa-VRd permet plus fréquemment d’atteindre cette réponse profonde et prolongée, y compris chez les patients à haut risque. Ce travail confirme et renforce la valeur d’Isa-VRd comme traitement de référence pour les patients de 65 à 79 ans non éligibles à l’autogreffe.

*IMS : International Myeloma Society / IMWG : International Myeloma Working Group

 

Dr Sarah Bertoli, hématologue au CHU de Toulouse -IUCT-Oncopole

Cette étude multicentrique européenne a analysé le traitement d'une forme très rare de leucémie aiguë myéloïde  (LAM) caractérisée par la présence de novo de la translocation t(9;22) BCR::ABL1+, jusqu'à présent classée comme de "mauvais pronostic". En comparant le traitement par chimiothérapie intensive seule à la chimiothérapie associée à un Inhibiteur de Tyrosine Kinase (ITK, un traitement ciblé), les équipes de recherche ont trouvé que l'ajout de l'ITK apportait un bénéfice majeur en termes de pronostic. Cette nouvelle combinaison a permis d'augmenter le taux de rémission complète de 66,7% à 90,2% et a amélioré significativement la survie des patients.
Présentée en communication orale au Congrès ASH 2025 par le Pr Sarah Bertoli, hématologue au CHU de Toulouse sur le site de l'IUCT-Oncopole, cette étude devrait pouvoir faire évoluer le traitement standard pour cette LAM et entrainer la révision des classifications pronostiques internationale actuelles, retirant cette maladie de la catégorie des pronostics défavorables.

 

Dr Ludovic Martinet, co-responsable avec le Pr Jill Corre de l’équipe GENIM au CRCT-Inserm

Les travaux présentés par le Dr Ludovic Martinet, co-responsable avec le Pr Jill Corre de l’équipe GENIM au CRCT-Inserm, visent à comprendre pourquoi certains patients atteints de myélome multiple répondent moins bien au teclistamab. Ce traitement innovant, un anticorps bispécifique, rapproche les cellules immunitaires des cellules tumorales pour faciliter leur élimination. Dans le cadre de l’étude ResisTec, les chercheurs ont suivi des patients en analysant régulièrement leur sang et leur moelle osseuse. Ils ont observé que les personnes qui possèdent, avant traitement, un environnement immunitaire riche en cellules T CD8,  des cellules clés capables de détruire les cellules cancéreuses, répondent généralement mieux au teclistamab. Les premières semaines de traitement semblent cruciales : chez les patients répondeurs, les cellules T CD8 de la moelle osseuse s'activent, deviennent de véritables cellules tueuses et circulent davantage dans l’organisme pour combattre la maladie. Ces découvertes pourraient permettre, à terme, de développer des tests prédictifs et de nouvelles stratégies pour contourner les résistances au traitement.

 

Pr Christian Recher, hématologue et chef du département hématologie au CHU de Toulouse - IUCT-Oncopole

  • Abstract Title : Induction chemotherapy with a single anthracycline-containing cycle in younger adults with newly diagnosed AML – the french backbone intergroup (BIG)-1 study on behalf of the filo, ALFA, and SFGM-TC study groups

Cette analyse présente les premiers résultats de l’étude multicentrique BIG-1, menée chez des patients jeunes atteints de leucémie aiguë myéloïde (LAM). L’essai comparait deux agents antitumoraux à forte dose, la daunorubicine et l’idarubicine, administrées lors du cycle d’induction (1ère étape du traitement) en association avec la cytarabine. Plus de 1 100 patients ont été inclus, avec des caractéristiques initiales comparables entre les deux groupes. Les résultats montrent que les deux traitements offrent une efficacité similaire : les taux de survie à 5 ans, de rémission, de rechute et de mortalité précoce ne diffèrent pas de manière significative. En revanche, la daunorubicine s’accompagne d’une toxicité légèrement moindre, notamment une myélosuppression moins sévère et moins d’infections. Sur la base de ces données, les auteurs proposent un schéma thérapeutique simplifié comprenant un seul cycle de daunorubicine en induction, suivi d’une consolidation (2ème étape du traitement) par cytarabine à dose intermédiaire, qui servira désormais de base à l’évaluation de nouvelles stratégies thérapeutiques.

  • Abstract Title : Salvage-free, transplantation-free survival (STFS) in AML: Proposition for a novel clinical endpoint to better assess the efficacy of novel drugs in combination with intensive chemotherapy. A dataml registry study.

Cette étude, initiée par les équipes du Pr Recher, s’intéresse à la manière d’évaluer plus précisément l’impact de nouveaux traitements ajoutés à la chimiothérapie intensive (IC) chez les patients atteints de leucémie aiguë myéloïde (LAM). Avec l’arrivée prochaine d’essais de phase 3 testant des inhibiteurs ciblant IDH1, IDH2, menin, FLT3 ou BCL2, il devient essentiel de disposer d’un critère capable de mesurer l’efficacité réelle du traitement de première ligne, indépendamment des greffes de moelle ou des thérapies de rattrapage. Les auteurs proposent ainsi un nouvel indicateur : la survie sans sauvetage ni transplantation (STFS), qui reflèterait la proportion de patients potentiellement guéris grâce au seul traitement initial. Ils l’ont évalué dans une large cohorte de 1 966 patients traités entre 2010 et 2022. Les résultats montrent que, malgré de bons taux de rémission, la STFS reste limitée dans la plupart des sous-groupes. A terme, ce nouvel indicateur offrirait aux cliniciens une meilleure projection sur le pronostic de leurs patients et leur permettraient de personnaliser les traitements.

 

  • Abstract Title : Randomized study of high-dose cytarabine with or without dexamethasone as postremission therapy in younger adults with newly diagnosed AML – the french backbone intergroup (BIG)-1 study on behalf of the filo, ALFA, and SFGM-TC study groups

Les travaux présentés par le Pr Christian Recher, chef du département d’hématologie du CHU de Toulouse sur le site de l’IUCT-Oncopole, s’inscrivent dans la dynamique de la plateforme clinique BIG-1, un programme destiné à tester successivement de nouvelles stratégies de consolidation chez les patients jeunes atteints de leucémie aiguë myéloïde (LAM). Dans ce cadre, son équipe a évalué si l’ajout de dexaméthasone à la chimiothérapie intensive (HDAC) pouvait réduire le risque de rechute après une première rémission.
Les résultats montrent que la dexaméthasone n’améliore pas la survie sans rechute. En revanche, l’analyse des effets indésirables, objectif secondaire de l’étude, met en évidence une tolérance nettement meilleure, notament sur le plan hématologique avec des durées de neutropénie et de thrombopénie plus courtes, moins de transfusions de produits sanguins et un moins de nausées/vomissements. Enfin, l’étude montre que le niveau de CRP a un impact pronostique péjoratif soulignant le rôle de l'inflammation dans la chimiorésistance et ouvrant la voie à de nouvelles pistes de recherche. Ces travaux prometteurs pourraient permettre de réduire la durée d’hospitalisation des patients de 2 à 3 jours par cycle de traitement par le simple ajout d'un vieux médicament sans surcout.

 

Pr Aurore Perrot, hématologue et chef de pôle au CHU de Toulouse - IUCT-Oncopole

Le Pr Aurore Perrot co-signe, en 3ème auteur, ces travaux présentés en Late Breaking Session et qui feront l’objet le même jour d’une publication dans la prestigieuse revue The New England Journal of Medicine. Les rechutes de myélome multiple (RRMM) nécessitent des traitements de plus en plus efficaces pour prolonger la survie des patients. Le Teclistamab (Tec), un anticorps bispécifique, a montré de bons résultats dans l’étude MajesTEC-1, en offrant des réponses profondes et durables, notamment dans les stades précoces de la maladie. Le Daratumumab (Dara), un traitement standard ciblant le CD38, agit en éliminant les cellules T immunosuppressives et en favorisant l'expansion des cellules T cytotoxiques, ce qui permet une meilleure efficacité du Teclistamab. Pour cette nouvelle étude MajesTEC-3, le Tec-Dara a été comparé aux traitements standards (DPd/DVd) chez les patients ayant reçu 1 à 3 lignes de traitement antérieures. Les résultats ont montré une amélioration significative de la survie sans progression (PFS) et de la survie globale (OS) avec Tec-Dara, avec une réduction notable des symptômes et une bonne gestion des infections, ce qui en fait une nouvelle option thérapeutique prometteuse pour les patients atteints de RRMM.

 

Ces présentations témoignent de :

  • la qualité et l’ambition de la recherche menée à l’Oncopole,
  • l’implication remarquable des équipes dans des études cliniques d'envergure internationale,
  • et d’une volonté partagée : offrir aux patients des traitements toujours plus efficaces, plus personnalisés et mieux tolérés.

 

Bravo à toutes les équipes pour cette mobilisation !
 
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