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Cancer du poumon squameux : le Veliparib offre une solution pour une partie des patients


Cancer du poumon squameux : le Veliparib offre une solution pour une partie des patients

Résultats de l'essai de phase III coordonné par Julien Mazièreres et donc l’objectif était d’évaluer l’efficacité et la sûreté de l'association du Veliparib avec une chimiothérapie à base carboplatine et paclitaxel, comme première ligne de traitement pour des patients atteints de carcinomes squameux avancés

Le cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC) est la forme de cancer du poumon la plus répandue. Il représente 85 à 90 % de tous les cancers du poumon. Parmi eux, 25 à 30% sont des carcinomes dit « squameux » (ou « épidermoïdes »), une pathologie fortement associée au tabagisme. Les tumeurs de carcinomes épidermoïdes présentent un taux élevé de mutations, avec des dommages à l’ADN évidents, notamment causés par le tabagisme. Par ailleurs, au moment du diagnostic, beaucoup de patients présentent des stades avancés ou métastatiques de la maladie, ce qui complexifie d’autant leur prise en charge. Côté traitement, les thérapies ciblées se sont révélées jusque-là peu efficaces et les stratégies thérapeutiques actuelles misent désormais sur l’association chimiothérapie-immunothérapie ; reste à trouver la combinaison efficace. L’une des pistes étudiées actuellement est celle du Veliparib, un anti-PARP1/2 oral dont il a pu être démontré, dans les tumeurs solides, la capacité à augmenter l’efficacité d’une chimiothérapie à base de platine. Une étude clinique a donc été lancée pour étudier, chez les patients atteints de carcinomes épidermoïdes, l’intérêt de l’association du Veliparib avec une chimiothérapie à base carboplatine et paclitaxel (C/P).

Les premiers résultats, plutôt prometteurs, ont conduit à un essai de phase III (NCT02106546) coordonné par Julien Mazières[1]. L’objectif était d’évaluer l’efficacité et la sûreté de cette association thérapeutique comme première ligne de traitement pour des patients atteints de carcinomes squameux avancés.  Cette étude a inclus 970 patients à travers le monde[2] ; en plus de la chimiothérapie à base de carboplatine et paclitaxel, la moitié d’entre eux a reçu 120 mg de Veliparib deux fois par jour, l’autre moitié a reçu un placebo. Les résultats de cette phase III randomisée n’ont révélé aucun bénéfice significatif sur la survie globale des patients du groupe fumeur (11,9 mois versus 11.1 mois). En revanche, une amélioration de la survie a été observée pour la totalité des patients (12,2 mois contre 11,2 mois), sans pour autant observer de différence au niveau de la survie sans progression de la maladie.

L’analyse génétique des échantillons de tumeurs disponibles[3] a permis d’identifier un sous-groupe de patients pour lesquels le Veliparib + C/P paraît efficace (diminution de 34% du risque de décès) : il s’agit des patients présentant une signature moléculaire composée d’un panel de gènes[4] dénommée LP52. A l’inverse, le Veliparib apparaît associé à une moins bonne survie globale que le placebo, chez les patients ne présentant pas cette signature moléculaire LP52.

L’ensemble de ces résultats, publiés dans Journal of Clinical Oncology, soulignent la nécessité de réaliser une analyse biomoléculaire préalable des tumeurs des patients avant d’envisager un traitement combiné de Veliparib avec une chimiothérapie à base de carboplatine et paclitaxel.

 

Ramalingam, S.S., Novello, S., Guclu, S.Z., Bentsion, D., Zvirbule, Z., Szilasi, M., Bernabe, R., Syrigos, K., Byers, L.A., Clingan, P., Bar, J., Vokes, E.E., Govindan, R., Dunbar, M., Ansell, P., He, L., Huang, X., Sehgal, V., Glasgow, J., Bach, B.A., Mazieres, J., 2021. Veliparib in Combination With Platinum-Based Chemotherapy for First-Line Treatment of Advanced Squamous Cell Lung Cancer: A Randomized, Multicenter Phase III Study. J Clin Oncol JCO2003318.

Lien vers l’article : https://doi.org/10.1200/JCO.20.03318

 


[1] entre janvier 2014 et novembre 2019

[2] 218 centres localisés dans 37 pays

[3] uniquement chez 360 patients

[4] à partir des analyses RNA-séq d’une cohorte de 120 tumeurs