Interview

L'IUCT Oncopole, un modèle

Le Pr Jean-Pierre Delord, directeur des affaires médicales de l’IUCT-Oncopole, et le Pr Gilles Favre, directeur du CRCT, portent une ambition commune et fondatrice : hisser l’IUCT-Oncopole au rang des meilleurs centres européens.

En quoi se distingue l’organisation continuum soins-recherche à l’IUCT-Oncopole ?

Gilles Favre : L’IUCT-Oncopole est le centre de ce type le plus récent construit en France et en Europe, avec une vision moderne de la cancérologie. Il reste un modèle, conçu dès le départ pour augmenter le continuum soins-recherche, par des bâtiments connectés entre eux et des espaces partagés. Cette construction permet de ne pas dépasser cinq minutes entre la collecte de tumeurs sur des patients et leur utilisation en recherche. Elle favorise également les échanges directs : une fois par mois, les vendredis de l’Oncopole rassemblent chercheurs et cliniciens autour de conférences.
Jean-Pierre Delord : Ce qui vient des patients est plus facilement accessible pour les chercheurs et ce qui vient des laboratoires de recherche du CRCT est accessible, parfois en moins de six mois, sous la forme d’essais cliniques pour le patient. Tout est fait pour rendre les échanges rapides et fluides. Il existe un dialogue incessant entre le clinicien et le chercheur.

 

Interview paru dans le bilan d'activité 2017

 

Quels sont les résultats en termes de productions scientifiques ?

Gilles Favre : Nous commençons à voir le fruit des recherches translationnelles, notamment pour les traitements du mélanome, du myélome, des leucémies aiguës myéloïdes, des cancers du sein et du poumon. Nous faisons de la recherche fondamentale pour mieux traiter, ce qui implique une ouverture sur la valorisation de nos recherches : on peut souligner une forte activité de brevets, caractéristique d’un centre qui n’est pas refermé sur lui-même.
Jean-Pierre Delord : Il y a des marqueurs qualitatifs, Gilles les a cités. Il y a également des marqueurs quantitatifs : ce sont presque deux articles par jour qui ont été publiés dans des revues scientifiques et médicales en 2017 par des équipes de  recherche ou de soin.
 

Quels sont les événements déterminants de l’année 2017 ?

Gilles Favre : Le recrutement de deux nouvelles équipes pour le CRCT, dont une très emblématique de l’interface entre le soin et la recherche, qui vient créer un pôle important sur les sarcomes à Toulouse.
Jean-Pierre Delord : L’autre équipe recrutée travaille presque exclusivement à partir des prélèvements des patients pour comprendre le fonctionnement de leurs systèmes immunitaires. Ces deux équipes ont choisi de mener leurs recherches ici, parce que les bâtiments et la politique de collaboration leur ont donné suffisamment de certitudes que leurs projets verraient un développement plus simple qu’ailleurs. Je citerai également l’obtention d’un certain nombre d’accords-cadres avec des structures de recherche industrielle, qui sont le témoin de la qualité de la recherche clinique et scientifique mais surtout du fait que ces structures ont identifié ce continuum soin–recherche comme un moyen d’accélérer l’évaluation de l’innovation.
Gilles Favre : Sur le plan matériel, nous nous sommes également équipés de la « single cell technology » pour étudier le génome humain à l’échelle de la cellule unique.
 

Pr Gilles Favre et Pr Jean-Pierre Delord

 

Quels sont les axes de développement ?

Jean-Pierre Delord : Je vois trois axes de développement scientifique : le premier est forcément en rapport avec la compréhension du fonctionnement du système immunitaire. C’est une demande très forte des cliniciens. Le deuxième axe estcelui des techniques qui permettent de détecter les maladies résiduelles chez les patients. Le troisième s’attache à la compréhension des raisons de fonctionnement ou d’échec des traitements quelle qu’en soit la cause.
Gilles Favre : J’ajouterai l’interface avec les physiciens et les sciences de l’ingénieur, indispensable pour développer de nouvelles technologies. Nous menons déjà des programmes avec le LAAS-CNRS.
Jean-Pierre Delord : Nous avons beaucoup de questions à poser à partir des données que nous produisons, pour lesquelles il faut avoir une puissance de calcul suffisante et sur laquelle nous devons acquérir de l’autonomie. Développer notre capacité à intégrer des informations complexes et leur donner un sens est un axe de développement majeur pour les prochaines années.
 

Quelle est votre ambition pour l’IUCT-Oncopole ?

Gilles Favre : L’ambition nous a été donnée dès le début : devenir l’un des meilleurs centres européens. Nous sommes sur le chemin.
Jean-Pierre Delord : La confiance qui nous a été accordée, matérialisée par le niveau des investissements réalisés sur le site, nous y oblige. Nous arriverons ensemble à maintenir cette ambition initiale, je suis certain de la volonté et de l’enthousiasme des équipes ici.